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Traces secrètes
Je pose mes pas sur les traces de l’ordre établi et
je goûte l’éphémère de ma perception libérée.
Il suffit de ramasser à nos pieds les brins de
poésie qui sont venus se poser ici et maintenant comme on forme un bouquet de
sensations.
Où que l’on se trouve, même (surtout) dans les
endroits les plus inattendus, on peut détacher le collier de notre imaginaire
et le laisser aller. Il débusquera les moindres sources d’étonnement pour nous
les rapporter et ainsi abreuver notre incessante redécouverte du monde.
La poésie, la beauté, la sensualité prolongent nos
désirs. Rien n’est plus facile que de boire à cette fontaine. Il s’agit
simplement de voir, de sentir, d’entendre, là où l’on passe d’ordinaire sans
s’arrêter. Prenons le temps de goûter les saveurs exotiques de nos vies et de
nos lieux familiers…Et la monde se pare d’une esthétique flottante et
précieuse.
Explore le vent
Le poète rêveur flétrit les lacrymaux.
Il tète comme séraphin, aux mamelles
D'une langue mutine, libre, échevelle,
A
giclées goulues, à grand soif des idéaux.
La verve, à ses regards brûlants s’enflamme,
Séduite, humide, enfante les amours
Du verbe charnel et parfums de calame.
En naissent des fruits déraisonnables,
toujours.
A l'écart des bonnes morales demi-mots,
Il chante le ciel coloré des rebelles,
Pour qu'au soleil nu, se replient les ombrelles.
Explore le vent, bercé des pas … d'un…
chameau.
Couleur des mots
Héraclite disait que l'on ne peut
entrer deux fois dans la même eau du fleuve. A chaque instant, l'eau se
renouvelle, les berges foisonnent au rythme des saisons, le ciel changeant
peint le paysage à l'envie de ses humeurs, bleu, gris ardoise ou nacré. La Lune
argenture le méandre d'un reflet métallique, le soleil dore la feuille humide
et tendre du printemps. L'été résonne de jaune et de noir au vol rayé du
bourdon, danse avec la légèreté polychrome du papillon. Et quand l'automne embrase
la sylve, la vie épanouie s'habille de couleurs mûres. L'hiver revêt les
branches nues du manteau blanc de la pudeur. L'eau s'écoule comme le temps,
inexorable, cependant que le fleuve demeure. Le temps glisse dans le lit, une
brindille passe son chemin, flottant, en indiquant le mouvement sans fin. Je
suis pourtant là, immobile sous le grand saule, quand seuls mes yeux
accompagnent le brin emporté par le courant. La vie qui me traverse n'est-elle
pas fleuve, les saisons de mon corps colorent elles mon âme à l'approche de
l'automne?
Pourtant,
j'ai le sentiment en cet instant que mon esprit s’installe dans cette
immobilité à laquelle je dois la jouissance des parfums et des nuances de la
nature. Prendre le temps de contempler le fil de l'eau verte, tandis que tout
bruisse alentour d'une vie arc-en-ciel en mouvement perpétuel. Je suis le
rêveur de ma vie adossé à l'existence, la regardant passer comme la brindille
sur l'eau claire. Je ne puis l'arrêter, mais je peux me poser sur le tapis
pastel de la quiétude et voir.
Main
J'entends ma main
Compter cinq libertés.
Une et multiple
Elle est diverse
Mais indivisible.
Je suis pouce caressant
Les quatre piliers de mon univers,
Mon frère d'âme indexe l'épique
Ma sœur de trèfle majore la Vie
Mon Amour de cœur brille en anneau d'or
Ma sœur de losange dit l'esprit à mon
oreille.
Trois piliers d'une amitié intime
Un pilier à l'intimité de ma moitié.
Doucement, mes doigts
Serrent l'amour contre mon âme
Je suis en éveil
Puisque je vis le rêve
D'une vie véritable.
Diableries
Ce
soir,
Monsieur
le curé
Brasse
l’air
D’un
geste
A
écarter les mouches
Pour
mieux chasser
L’épice
tentatrice
D’une
rumeur
Venue
de l’orient.
Effarée,
La
grenouille
Plonge
dans son bénitier
Égrainant en crécelle
Une
bordée de Pater et d’Ave.
Sur
la place du village
Le
corps souple
De
la danseuse
Baigne
les cœurs d’une
Écume rouge
Portant
le feu
A
une morale de suie.
Tout
ceci n’est que diableries
S’écrient
les bonnes gens
Quand
la transe emporte
Vers
les trésors secrets
D’une
lune audacieuse.
Les
chants du voyage
Aux
vocalises orageuses
Électrisent
Corps
et âmes.
Et
la lumière jaillit,
L’art
perçant les ténèbres
De ses voluptés subversives
Par douceur
Libre, en paix, sur
le chemin, pierre à pierre
Ouvre-toi au prélude
en fugue, au désir
De chanter chaque pas
dehors les barrières.
Puisque par chaleur,
le chemin n'est tien.
Vois les éléments,
vois, tout le paysage
Danse, vibre aux
rythmes endiablés des plaisirs.
Pense ton cœur léger,
tu t’ouvres au partage.
Puisque avec amour,
ton monde est le sien.
A l'écoute de
l'Autre, soudain tu es bien,
Avance. Pour le
joindre, il te faut partir.
Chante, guidé par la
voie sage des anciens.
Puisque par bonheur,
le pays n'est tien.
Sorti de l'antre de
l'œuf, deviens, va et crie
Et en éveil, retrouve
tes sens ; tu respires.
Imagine la vie au
chorus de l'esprit.
Puisque par douceur,
ta vie t'appartient.
Puisque par chaleur,
le chemin n'est tien.
Puisque avec amour,
ton monde est le sien.
Puisque par bonheur,
le pays n'est tien.
Ta vie t’appartient.
Crépuscule
des sacres
A
Carnac, ses antiques alignements,
Ou bien
au tumulus de Locmariaquer,
Enclos
de riches et sévères décrets,
Au mont
d'Arzon, à tous les sites sacrés
Recyclés
en parc à thèmes au goût amer,
Condamnés
aux visites en régiments.
Et puis voici de bien jolis escargots,
Nus et venteux, sans chair d'escargot dedans.
Quelles envies les ont vidés à grands pots,
Et avides, les ont creusé à belles dents.
Passe le passé, les coquilles sont là.
Elles ont fière allure, ces roches nues,
Levées pour des siècles qui n'en furent las,
Squelettes de pierre défiant les nues.
Mais des visiteurs de gastéropodes
Chagrinés de ces ruines désemparées,
Ré -assemblent les pierres qui s'érodent
En monceaux futiles, fastes, parés.
Sitôt les tombeaux-décors mis au musée
La chair des pierres, les bijoux et les os
Seront protégés des regards amusés,
Sans nul besoin des antiques sacerdoces.
Qui se souci de ces esprits morts, si morts,
Ne nous laissant qu'échantillons blanchis.
Ces antiques ancêtres aux cultes d'or,
Sont-ils si peu chrétiens, qu'on s'en
affranchit ?
Le désir de connaître mieux est avalé
Comme l'ogre avalerait les escargots,
Sans les cérémonies dues aux ravalés,
Visités comptant, à tire larigot.
Menhir en liberté
Lutine
Dés mâtines.
Au sanctuaire
De la primevère
Une chouette s’est
posée
Délaissant la course des alizés
Pour la lenteur de l’instant
reçu.
A la clairière fraîche
de la forêt moussue,
Une déesse de la nuit
veille les amants du roc.
La pierre dressée, haute,
massive comme l’aurochs
Sort de terre, fière
et debout, jusqu’au ciel du ramage,
Levée, avant que mémoire
ne fut, par l'amour un mage.
Ils enlacent le géant
de granit, immortel flambeau.
Ils embrassent la
Terre et les Airs, ils ont chaud.
Enfants d’un désir
persistant
Ils fleurissent la
liberté.
Et venu l’aube des
temps
L'amour chante comme
un été.
S’enlacent les corps
à la barbe des maréchaux.
S'embrassent les
galants au delà des élans verbaux.
Accostant les
tropiques de sa belle, adorable rivage,
Le marin de la rosée claire
s’érige à son hommage.
Au loin y répond l’écho
d’une brame rauque.
La sagesse s’envole doucement
du roc.
A l’entour secret de
sa forêt moussue,
Se hisse sa tendresse,
moussue
Oui moussu, vient s’y
poser
Sa maîtresse. Amour
osé
De la primevère,
Au sanctuaire
Dès mâtine,
Lutine.
Dolmen-voyage
Scande, frère
corbeau, songe luisant, tam-tam.
Tes
plumes brillent des saveurs de la Lune,
Au
funeste festin, que la faux réclame.
De
l’autre côté, l’ami pourra s’envoler.
Guide ces
pas sur ce chemin délétère
Qu’il
soit perle de ta loge nacrière
Et puis
l’éclat, que l’on voit briller dans le ciel.
A la
noce des rocs aux étoiles couplées,
Au
milieu du ventre minéral de mère,
Il
dansera pour le vent, le feu, l’eau, la pierre.
Mort,
alors, peut exhiber ses atours de fiel.
Quand
vient le temps aux éléments de se mêler,
Abandonne
le royaume des chimères,
Et renais
à l'océan de nos prières.
Gaia, nourrisse,
y donne son sein de miel.
Voyage
l'ami, au clair de l'âme, tam-tam
Par-delà
les tourments, sur le chant des runes.
L’ailleurs
jubile quand la vie se proclame.
Vacances
La pleine est
griffonnée en traits de bitume
Quelque monstre
rageur passant sa colère
Aura tracé sans
ménagement ces routes
Nourrissant la
ville de voies laborieuses.
Les automobiles
en sont les globules
Charriées par
ces artères au goût d'asphalte
Les empressant
aux ventricules du boulot.
Matins et soirs
le flux se fait métronome.
Vie embouteillée,
où Paix se consume
Où chacun se
fait nécessité de calvaire
Souquant sa
besogne goutte-à-goutte,
Œuvrant sans
doute à une manne glorieuse.
Le mot Vacances
vient tel un tubercule
Germer à
l'esprit. Que liberté s'exalte
Que cravates
s'étiolent, se perdent kilos.
La plage se
lancine comme un grand psaume.
Alors chacun
s'enfuit du train-train d'enclume
Pour se jeter sur
des chemins délétères
Tous en même
temps, comme armée en déroute,
Pour une
parcelle de vie langoureuse.
Les
embouteillages se font tentacules
Les bords de
mer débordent, tumultuaires,
De vacanciers à
la malséance absoute,
Conquérants de
plages en masse victorieuse.
Au soleil les vacances
sentent l'écume
Lait bronzant
et sucreries, le temporaire.
La foule citadine
devient foule d'Aout
Travail et
congés forment un palindrome.
Quant à moi, suis-je encore de ce monde
Qui observe de la
folie sa grand-ronde.
Errance
tropicale
Je suis
parti naguère
Aux confins
volatiles
Sans quitter
l’aire
Fidèle de notre
île
Voyageur,
j’ai posé mes valises
A l’arrière
de la mappemonde
Où suave,
l’Eden s’éternise
Sur un semis
de miettes girondes.
Entends-je
les anges de mon âme
Faire échos
à mon sombre désarroi;
Composer
quelque rêveuse trame
Quand sans
vous, je ne suis que maladroit.
Sous les
palmes dansantes des atolls
Gonfalons aux
bien vertes manières
Les
plaisances se noient dans un alcool
Aux épices, sans
autres bannières.
Posé là sans
ma dame alentour
Je suis
lampe au sigillé rongé ?
S’il n’était
l’huile pressée de l’amour
Combien mon
feu en serait naufragé.
Si le
paradis n’est pas l’orchidée
C’est bien
en son parfum qu’il réside
Alors
qu’importe où nous mènent les dés
Si pour la
Vie, le désir préside.
Vénus est
notre mer
Je suis
pluie et soleil
Vous êtes
air et terre
Notre île
est sans pareil.
M'île
sabords!
Ses eaux turquoise
Ses lagons de cristal
Ses nuages d’albâtre
Ses cocotiers échevelés
Dressés en sexes fleuris
Sur des plages langoureuses.
Epinal sur tropiques,
La carte postale postillonne
Des villégiatures de rêve
Sur un paradis
Que nous n’aurions pas encore
Consumé.
Franchie la joliesse,
Les braises sont en liesse
D’un incendiaire capital
Qui se moque du virginal.
Un phantasme d’age d’or
Pour des conquistadors,
Un américan dream
Pour ceux qui triment.
Et le grand occident ensorcelle
Une réussite en étincelle.
Paraboles et big bagnioles
Percent les temps à la chignole
Pour y cheviller, radieux
Un avenir dispendieux.
Et le vif des ancestrales centuries
Se décline en produit de série.
Les ancêtres sont enrésinés en
souvenir
Dans cet ambre suintant à loisir
De l’arbre prenant racines à nos
pieds.
Il fournissant céans, une pâte à
papier
Ou coucher un folklore empaillé
Vendu à un touriste émerveillé.
Morne Marne
Il pleure, pluie, si
flou, si loin,
Le sol rejoint un
ciel de chien,
Les nuées peinent à
sourire,
Sous la grisaille en
délire.
Un blues graphite et sans
désir
S'entonne en ces
lieux à bannir.
De ces harpes drapées
en transes,
L'orage zèbre, mon
cœur faïence.
Ecume d'un soleil
païen,
Je me rappelle, je me
souviens
D’une vallée belle à
mourir,
De l'écrin tendre de
nos rires.
La pluie inonde mon
soupir.
Si nos chairs mêlées
ne s'attirent,
Qu'importe Paris ou
Mayence,
Loin prend fin,
cruelle distance.
Honni froid, le
bonheur s'en vient,
Vers toi, mon amour,
je reviens,
Vois de retour l'Ours
accourir,
Place au printemps pour
nous chérir.
Enfance
de l'art
Nous
étions arbres ondulant au clair de ciel
Nos
pieds buvaient une terre de mémoire.
Nous
lisions dans les nuages en kyrielles
Les
signes vaporeux d’un azur grimoire.
Nous
avions tant de questions pour les étoiles
La
Lune brillait pour nous adoucir la nuit.
Séraphins
songeurs, l'on soufflait dans les voiles
De
nos vaisseaux, cet imaginaire qui luit.
Et
puis
Nous
remisons nos voiles, liées de sisal,
En
rangeant tous nos rêves avec les jouets;
Et
l'impérieux, d'un bond, barbouille le
vital.
Pourtant,
vivre peut être limpide à souhait.
Ne
sommes nous pas des îles pacifiques
Lorsque
nous offrons nos fruits à chair de soleil
Quand
bercés par les chants des gestes épiques
Aux
jardins des arts, sommes enfants de l'éveil.
Trois étoiles
Voyez
Perçant l'obscurité
Ces étoiles,
Liberté Désir Amour.
L'une,
Fleur de l'audace
Eclaire la vie.
Cette autre,
Fruit savoureux
Se fait chant courtois.
Par l'esprit
Cueillons ces perles
D'une beauté lumineuse,
Nous qui nous sommes
Épanouis
Hors les tribunaux des ombres.
Farouche liberté,
Cher désir
Soyez notre sang
Irriguez nos corps à merveilles.
Et voici
Mon Amour,
Pour qui sans cesse,
D'un ineffable feu stellaire,
Bat mon chœur
En sa douce poitrine.
L’AUTRE
La muraille taillée
Dans un cristal de larme
Embrasse la cité assoupie.
Le vielleur de l’obscurité
Rassure les dormeurs,
Le monde sauvage
Restera dehors.
L’Autre
Est arrivé
En étrange équipage
Venue des brumes lointaines.
Il s’est installé
Au pied des remparts de glace.
Ses doigts sortilèges
Courtisent
Le galbe de sa guitare.
Ses notes complaintes
Ferventes
Éveillent le feu sensuel
Qui étire ses brandons
Aspirés par la nuit d’encre
Y déposant la voie lactée.
Et l’Autre déchire la membrane
De la crainte.
Les murs s’ouvrent en chrysalide
Sur un ciel matinal
Au sourire carminé.
L’âme déploie ses ailes.
Et Je m’aventure
Vers ce frère
Flamboyant.
Poses-toi un peu.
Tant de fleurs dépassaient de nos
yeux.
Les ciseaux, au fil du temps
Rectifièrent les bons grés de
l’ivresse.
Ainsi soit-il pour que le Vrai
Nous polisse de morale abrasive.
Dés l’école, ils arasent droit mon
vieux
A corriger tout désordre latent.
Les pétales de rêveries, paraissent
Mille fois distraire et navrer
Une matrice à jamais excessive.
Bas, taille, tond, renvoie les muses à
dieu
Pour vivre le monde sérieux des
bilans.
Rebelles, ces fleurs n’auraient de
cesse
De détourner d’un chemin gravé
Les rigueurs de l’obéissance massive.
Assèche peu à peu le poème sinueux
Celui qui te fait le cœur marais
salant
Qui t’iode l’âme comme une promesse
Qui irrigue tes désirs de caresses
nacrées…
Mais, que faire de ces pensées naïves ?
Avide, agis en prédateur studieux
De bonne coupe, affuté et clinquant.
Rien ne dépasse plus, le temps presse
C’est pour « Grand Frère »
que l’on crée.
Au pied des convoitises, les besoins
vivent.
Servons alors les idéaux industrieux
En émissaires du bien, propres et
brillants
Pour que perdure la grande messe.
Sans quoi, tu risques l’effroi du mis
au ban
Là où serpente le feu des idées
subversives.
Nos jardins se créent
Dans nos jardins de
printemps
Fleurissent divers désirs
Des frissons en volière
Et des langueurs
amarante
Le souffle haletant
En partition du plaisir
Dépose la rosée lunaire
Dessus ces fleurs
charmantes
Se créent nos tapis flottants
Où se hissent nos
enfuir
Des messes journalières
Pour une liberté galante
L’amour se cultive,
exaltant
Secret aux fruits
d’élixir
En partageant cette
incendiaire
Caresse que l’on
chante.
Et qu’importe le
penchant
Ou les fers de
l’appartenir.
Que félicité prospère
Et que morale serpente.
Réverbère
Comme
ivres, désinvoltes et tributaires
Vivent et virevoltent les
éphémères.
S'agitent ainsi depuis bien
des carnages,
Depuis bien des labours et bien des rivages.
Le Temps est leur
chorégraphe, en habit d'os.
Leur
crédo ; foncer comme des rhinocéros.
Cadrés sous le leurre de
leur réverbère
Ils chiffonnent cette
lueur, mus par Chronos,
Réconfortés par la déraison
du nombre.
Emus par fric et bastos,
ils tournent pages
Du naître au trépas, en foule mais solitaires.
Ils volent Vite, et vite,
évitent Hélios,
Planent en hors-sol, sans contacts,
sans encombre,
Lévitent à souhaits et se tuent pour
des mirages.
Mort dans l'âme les Rabat-joies
mordent poussière.
Flipper et fliquer de bon aloi, par
pathos :
Peur va jubiler. En soutanes
ou habits sombres,
Les boss dictent fois et barreaux. Tout est
cage
Et sage sous le halo
sécuritaire.
Vite ils caracolent en marche féroce ;
Négoce pour obscurs faiseurs
de décombres.
Ils se goinfrent en soldes
et sans ambages
D’une chair de vie devenant
froid polaire.
Prompt à boursicoter leur
ordre sacerdoce,
Leur Ordre chéri. Leurs
pénis en concombre
Est sabre de cavalerie.
C'est dommage
Mais le profit à tout prix
se fout des manières.
Dansons à la lumière du mépris.
On bosse
Envoûté par les éclats
clinquants du matos.
La nuit s’abîme et la lune
marécage
S’oublie pour cet artifice
et j’enrage.
Sous un Hallucinant soleil réverbère,
Les hommes, vite,
virevoltent sévères.
Mais pas tous
Nuits de ville
Les rues
en fusion vident les éclats du ciel.
Diamants
fluides et jus de rubis s’entre-coulent
En longs
fleuves irrigant, incandescents,
Ces
dômes d'hommes fourmis, ces démentiels
Fibromes mordant la plaine à feux et foule.
En découle un substantiel encens
lassant.
Le sol brûle
de cette chute d’étoiles
Tombées
de l'En Haut et mues par l’attraction
Des voluptés
et des phantasmes vénéneux.
Où les faux astres s’accumulent en
toile
L’étendue
palpitante carbure en fluxion,
L’air se
grise d’un couvercle sulfureux.
La
Richesse artifice le sombre en jour.
Fille de
joie, cette énergie sur-maquille
L’ennui.
Et vorace, de la nuit se saisit.
Séductrice
qui effare, elle fait la cour
En bas
résille par ses atours qui scintillent.
Et ce luxe
de vernir une misère transie.
La voûte
céleste dépourvue de joyaux
S’occulte,
nue, dessus les halos opales
Des
Paris, des Londres, des New York, ou Tokyo.
Mais la
Terre, elle, flambe en gemme triomphale.
Sapiens ça
pionce
Lueur ténue d’un
souvenir que l’on teinte,
Semble-t-il si loin ce bel Age
d’or
Où sans attache, il s’accordait à
fois mainte
Vivre en majuscule, toujours et
encore.
Sédentaire, il jalousa
ses contraintes
Dompta des contrées ténébreuses
jusqu’alors,
Sa techno-conquête affutant sans
cesse la pointe
Pour, à l’envie, guincher avec ce
coquin de sort.
De l’inexorable
tapis qui se déroule, à l’aune restreinte
La chevauchée du temps périme son
corps.
Il s’abandonne ici à
d’impérieuses images saintes,
Et vends son innocence, pour la
possession du décor.
Celui qui se sait
savoir s’est tranché l’être farniente
A l’érection d’un culte du moi
d’abord.
A Dieu et pour pouvoir,
corruption et feinte,
Un humain d’Ordre est survenu dés
lors.
Se gardant de vivre de
peur d‘en mourir, il s’éreinte
Désormais, à meringuer sa foi
singulière, son trésor
Fait d’un verbe inquisiteur, aux
feux qui suintent,
Pour mieux allumer tous les
bûchers, sans remords
Du monde je perçois sa
complainte,
Les voraces consumant au corps à
corps
Notre mère bleue, lovée dans le
cosmos labyrinthe.
Et mon chœur chante de n’y battre
plus alors.
Et des étoiles ne se sont jamais
éteintes
Elles allumeront toujours nos
rêves multicolores
D’un vaisseau libre et dépourvu
de crainte.
Et il y a le champ des possibles,
Mille sabords.
De la rêverie, les
persiennes en projettent les traits
Sapiens, ré ouvre les volets à ton
âme photophore.
Lueur sédentaire
de celui se gardant du monde et des étoiles de la rêverie
Histoire de singes
Un singe
discute avec un semblable. Il parle des hommes ses cousins. Il aimerait comme
eux s’élever au-delà de la condition animale…
Je
te dis qu’ils sont arrivés à s’ériger.
Mais
nous, ainsi qu’un simiesque état l’atteste
Conservateurs
absolus de nos traditions
Singes
nous sommes, animaux nous demeurons.
Ce
servage, à nos seuls instincts agrégés
S’entend
par le commun, çà va sans conteste,
Du
règne animal dans toute sa condition :
Territorialiser,
baiser, bouffer, c’est rond.
Eux,
non, ils ne voient en l’Autre nul étranger
Ils
se grandissent sur des voies célestes
Les
libérant de cette mortification
Que
sont toute frontières et fermés girons.
En
trouvères courtois, inspirés, engagés,
Ils
jardinent cet amour de bel agreste.
Boutant
la brutalité en abolition,
Des
forêts d'amertumes se font bûcherons.
Ils ne voient dans les plaisirs nul
danger
De
s’éloigner des routes sacrées, du reste
Arts
et poésie sont leurs ailes d’ambition:
Grâce
à elles ils s’élèvent hors les goudrons.
Ainsi
nos cousins admirables ont bougé
Ils
sont devenus ces géants manifestes
Maîtrisant
le feu de leurs civilisations
Au
martel d'une destinée de forgeron.
- Mais
pourquoi aimes-tu ces humains louanger ?
- Ils
me choient, me nourrissent de leurs beaux gestes
Parce
qu’ils m’aiment et me couvrent d’affection
Parce
que nous sommes si prés d'eux, sur leur perron.
« Le
Zoo ferme ses portes aux usagers
La
sortie est indiquée par les lamperons. »
Pourquoi
Dis monsieur pourquoi,
Pourquoi fondre pour la voix la plus criante
Pourquoi retondre la voie déjà lisse
Pourquoi confondre pensée unique et liberté
Pourquoi boire le dessein surnaturel
Pourquoi croire de croisades en mitrailles
Pourquoi déboire en l’ivresse de la bourse
Pourquoi se conduire de crédits en discrédits
Pourquoi se produire à tout avaler
Pourquoi se gaver plus encore et encore plus
Pourquoi s’amarrer aux pilleurs d’abondance
Pourquoi se narrer de réclames en monde parfait
Pourquoi se targuer à jouer haut, quand se meurt là bas ?
Tais toi et fait ton devoir, ces choses là sont pour les grands.
Pas de duplicité dans ma boite à l'être
Quand Tristesse n'est tenue en laisse
A l'émoi qu'un beau geste amorce,
Quand Cynisme s'immisce en maitre
A l'étoile tendue qu'offre une main.
Quand Tendresse
ouvre grand l'appétit,
A la perspective d'un bon morceau
Qu'un cyclope dérobe à ses petits,
L'ossuaire s'entassant en monceau.
Quand Gentillesse ouvre une brèche,
Vaste béance creusée dans ton heur,
D'aucun y plonge sa canne à pèche
Et saisi la fortune de ton cœur.
Généreuse, pas mieux ne vaut
Quand embroussaillée d'un lierre vorace
Ton âme disparait sous l'écheveau
Où foisonnent les actes sans grâce.
Du monde que serait le chant
Sans équité, sans tendresse ?
Assurément le cri tranchant
Victoire de la rudesse.
Préférons alors sourire
A la beauté fraternelle,
Qu'aux abois mordre et bondir
Comme des chiens sempiternels
Au-delà d'une faiblesse
La douceur est une force
Puisqu'elle ciselle l'être
Faisant le miracle humain.
Mes amis
Sur
l'air d'un baiser qui vagabonde
Par
la peau-porcelaine de la vie,
Agapè,
délicate, me parla
Des
fleurs sauvages aimant le monde.
J'entends
votre doux parfum, mes amis,
M'envole
cheminant comme chaman,
Par
le chant clair de la chouette au chêne.
J'entends
briller la chair des étoiles
Accrochées
aux velours de l'espace.
Je vois dans
les feux de Lune douce
La
muse des doigts jouant aux cordes
J'entends
la parole du caillou sage,
La
mousse tendre parler de rosée
Et
l'oiselle aux plumes aquarelles.
J’aperçois le taureau en archange
Et
le lion d'occident et d'orient,
Livrer
bataille à la grisaille.
Et
il y a le parfum d'orchidée,
Floraison
de ma vie, ma bien aimée.
Buvons
ensemble, au bon tonnelet,
A
tourner la clef dans son arc-en-ciel,
Par
joyeux monde, par nuits et journées,
Pour
vivre aux couleurs de Rabelais.
Mes
amis, je vous aime.
Planète Amour
Deux
êtres dérivent alentour
Sur
la nuit de leur esseulement,
Les
courants venteux de leurs parcours
Les
rapprochent dans un feulement.
Toutes
voiles vers leur collision,
Deux
anges sauvages font minois :
La
foudre proclame l’effusion
Brillante
comme or carthaginois.
Une
sphère, incandescente,
Native
de cette rencontre
Brûle,
passionnée, indécente
En
braises que l’ardeur démontre.
La
terre brumisée d’extase
Reçoit
la pluie d’un ivre soleil.
Les
fleuves et les mers courtoises
Dessinent
les continents vermeils.
La
vie se chante au clair d’un orbe,
La
volupté perle sa rosée
Que
la découverte absorbe
Par
une bouche douce et osée.
Et
le temps voit son œuvre fleurir,
Un
jardin parfumé s’installe
Dessus
les pleurs et bien des rires,
Jusqu’à
des langueurs vespérales.
Chauffant
doucement la tendresse
Le
magma mijote sous la cour
L’élan
à pris de la sagesse :
Une
planète accompli l’Amour.
Planète Amour
Deux
êtres dérivent alentour
Sur
la nuit de leur esseulement,
Les
courants venteux de leurs parcours
Les
rapprochent dans un feulement.
Toutes
voiles vers leur collision,
Deux
anges sauvages font minois :
La
foudre proclame l’effusion
Brillante
comme or carthaginois.
Une
sphère, incandescente,
Native
de cette rencontre
Brûle,
passionnée, indécente
En
braises que l’ardeur démontre.
La
terre brumisée d’extase
Reçoit
la pluie d’un ivre soleil.
Les
fleuves et les mers courtoises
Dessinent
les continents vermeils.
La
vie se chante au clair d’un orbe,
La
volupté perle sa rosée
Que
la découverte absorbe
Par
une bouche douce et osée.
Et
le temps voit son œuvre fleurir,
Un
jardin parfumé s’installe
Dessus
les pleurs et bien des rires,
Jusqu’à
des langueurs vespérales.
Chauffant
doucement la tendresse
Le
magma mijote sous la cour
L’élan
à pris de la sagesse :
Une
planète accompli l’Amour.
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